brouille temporelle
Le temps emporte tout, allié et adversaire. Tour à tour. Le temps est nuageux
comme le cœur même et surtout quand ça cogne. La tête n'est pas toujours un bon toit. L'ami n'est pas toujours là. Le frère l'a-t-il été? Un voleur du passé détale dans les camps des souvenirs en fuite, le
présent tonne, l'avenir recule. Le passé est contraint de coucher sous un toit de fortune. Tremblant d'étoiles. Las de chercher un abri, il s'allonge amer, dans
les pissenlits, fauchés. Le passé ne se recycle pas aussi bien que les déchets. Un engrais pour le présent. Pauvres
reflets d'avenir qui n'appartiennent plus à personne. Le passé se courbe sur lui-même. Il a perdu plusieurs centimètres
d'illusion. Mais il lui est refusé le droit au désespoir, il lui est refusé le droit
de se plaindre : c'est son rôle de
garantir l'avenir coûte que coûte, quel qu'en soit le prix. Le présent a le droit de se retourner,
pas lui : il est passé et ne ramènera plus rien, ou peut-être des souvenirs de pissenlits et pour le reste, qu'il se débrouille.
Hommes de demain soufflez sur les
charbons...