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Porte sur le toit
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15 juin 2009

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« Il y a des paroles lourdes comme des cercueils », nous confies-tu dans ce livre « traduit du silence », et où l’on revient de façon lancinante avec un furieux désir de partir : « Partir ! Partir ! », Pour la seule raison, dis-tu, que « tu écris moins bien », que ta force s’est « ennuagée ». Oui, Estève n’est plus là, et qui pourrait encore t’entendre sinon ce vent qui se lève. « Cette brisure n’a pas de sillage.» Où en sommes-nous avec notre cœur, avec l’espace et le temps, avec nos blessures qui nous jettent au seuil des choses inertes à une heure moins dix, le jour suivant, quand la nouvelle a pris statut en notre tête déjà en baisse… Comment fait-on avec ceux qui restent, aux mains hideuses, accablantes, sourdes à ce qui ne reviendra plus ?   

 Comment se consoler de la perte d’un être cher, c’est un crépuscule en plein jour, un crépuscule qui prend le pas sur tout horizon ensoleillé, ce soleil devenu intolérable, et presque insultant eu égard à la mélancolie qui nous protège de toute agression. On ne peut plus être frappé qu’on « y » est plus. On se calfeutre en soi pour ne pas s'écarteler soi, c'est dans cette tension teintée de clair obscur que l'on se sent encore "au mieux". La métaphore de la mélancolie est le rideau si prisé par Baudelaire qui s’enfermait dans l’hiver… Comment se consoler de la perte de qui nous a été greffé au cœur ? Il faut accepter et la mort de l'autre et la nôtre que nous vivons inexorablement comme une petite mort. Que reste-t-il sans ce verbe impotent qui fait taire le désespoir le temps d’une nuit à la seule fin de sombrer dans l’oubli d'une réalité refusée et par rapport à laquelle tout notre corps s'insurge. Il faut écumer les jours, les nuits tant bien que mal, d’ailleurs cette notion de jour et de nuit ne veut plus rien dire. Il est une heure moins dix. Tout se noie dans un indéfini. A chaque apparition du soleil, que peut-on encore exhiber, retiré dans ce monde où la fiction fait oublier la réalité derrière le rideau, dans l’attente de rien que de cette sensation d’un déluge programmé où l’errance n’a d’égale que la générosité. Qui accueillir dans ce vaste salon déchu, la misère du monde ne veut pas d’un sol nouveau. La folie et la sagesse résignées, voilà ce qui fait tenir « debout ».

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