J'écris ce texte une deuxième fois arraché à la
J'écris ce texte une deuxième fois arraché à la nuit dans la chambre aux yeux clairs. Je désespère d'avoir de tes nouvelles. Accosté au défilé du monde qui passe tu en oublies les faveurs de l'aube et l'amour auquel nous nous sommes heurtés sans le savoir et qui nous jette dans une clarté ambulante et muette. J'ai négligé l'air qui circule entre les murs de cette chambre qui diffuse des images inoccupées. Des tableaux en découlent, coulent sur la rétine. Je m'enveloppe dans le vêtement de ce glacier qui a pris possession de moi. Je grelotte dans cette chaleur qui se soutient de sa propre irruption. Ce que j'ai à te dire s'encombre de mille autres mots ravalés de ne pas être entendus. Je me surprends à bégayer des sons sur le chemin escarpé du langage. Un dictionnaire n'a jamais écrit une seule ligne, ni accompagné l'horizon de cet avant où tout et rien ne se tient. Cette étrange titubation du langage quand il cherche à dire l'infime et l'infirmité qui l'accompagne. Un peu comme ces cailloux qui dévalent devant nous dans une froideur opiniâtre.