Jacques Villeglé en grand à Beaubourg
Une immense rétrospective de l'œuvre "lacérée" de Jacques Villeglé a lieu actuellement au centre Pompidou sous l'intitulé "la comédie urbaine". Son goût pour les murs de Paris, pour ces murs couverts d'affiches qui se sont sédimentées au fil du temps ont orienté son projet de l’éclatement typographique aux grandes compositions abstraites colorées des débuts jusqu’aux récentes juxtapositions rythmiques issues d’affiches de concerts.
Sa recherche participe du Nouveau Réalisme, du Lettrisme ou de l’Internationale situationniste.
Bien que n'intervenant que très peu sur les arrachements, Jacques Villeglé ne se sent pas pour autant à l'instar de Duchamp un auteur de ready-made, il se présente plus volontiers comme un "flâneur". Son œuvre est un sismographe de nos « réalités urbaines », mémoire de leurs traces ou traces de leurs mémoires. Dans ce geste d'arracher ces affiches superposées, ces dépôts d'affiches, n'y-a-t-il pas la volonté de restituer une synthèse de ce qui fut actuel? Par ces arrachements, Jacques Villeglé nous restitue toute une actualité condensée. Ce flâneur comme il aime à se définir travaille comme un archéologue du présent. Qui dit arrachement dit douleur et délivrance tout à la fois, mise à bas du monde.
« En prenant l’affiche, je prends l’histoire. » dira-t-il
[Raymond Hains et Jacques Villeglé], Ach Alma Manetro, février 1949
Affiches lacérées collées sur papier marouflé sur toile, Centre Pompidou, 58 x 256 cm