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Porte sur le toit
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23 août 2008

René Char : la foudre du poème, part III

Héraclite toujours pour accompagner René char et cette fois à travers le fragment 16 : "S'il n'espère pas, ne rencontrera pas l'inespéré, chose introuvable et même impraticable". Il faut comprendre l'énergique mouvement d'une clarté qui glisse, ponctué et rythmé par les obstacles du refus, ramené à la conscience par la morsure d'un regard lucide  dans l'opacité du réel. Nous voici tout à coup dévalant sur le versant "impraticable". L'absence devient centrale et la lutte s'engage dans une lumière négative qui rend "impraticable" toute éclosion du rêve. Il y va de cet affrontement, de cette attention d'archer pour que se produise l'étincelle incompréhensible d'un acte dans la lumière. Il en va de même du poème de Char. Il en va autrement pour nommer ce qui se donne en amont de la flamme, entre ce qui relève de la braise et ce qui se pose comme garant du foyer : l'amitié et l'amour. "Pro-cédant" de la foudre qui le guide et le renverse, le poème s'enracine dans le refus de tout remède, de tout baume analgésique, jetant néanmoins ces "mots qui portent immédiatement secours" (in Fureur et mystère).

Qu'en est-il au juste de l'homme qui vient boire à l'éclat de la rivière, entre deux rives opposées? Qu'en est-il de cette naissance aux détroits de la nuit? Qu'en est-il de ce que nous dit le poème : "Toi qui nais appartient à l'éclair. Tu seras pierre d'éclair aussi longtemps que l'orage empruntera ton lit pour s'enfuir."? (in Aromates chasseurs) La question est là, première et dernière, la question est du poème comme la marque d'une ontogenèse : "y a-t-il vraiment une plus grande distance entre nous et notre poussière finale qu'entre l'étoile intraitable et le regard vivant qui l'a tenue un instant sans s'y blesser?". Et sans doute nous faut-il remonter plus avant, là où la violence des courants dilapide son incroyable énergie. Cette puissance livrée au rien, cette puissance accordée au néant, l'autre nom de l'indifférence : "L'homme, n'est-ce pas, n'est qu'un excès de matière solaire, avec une ombre de libre arbitre comme dard. Sur un cratère d'horreurs et sous la nuit imbécile s'épanouit soudain, au niveau des narines et des yeux, la fleur réfractaire, la nova écumante, dont le pollen va se mêler, un pur moment, à son esprit auquel ne suffisaient pas l'intelligence terrestre argutieuse et les usages du ciel" (in Recherche de la base au sommet).

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